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Les techniques de biocontrôle utilisent des mécanismes naturels pour assurer la protection des plantes. • © France Télévisions / Cyril Dudon

Les produits de biocontrôle représentent une part croissante du marché de la protection des plantes. Ils sont de nouveau présents au Salon international des techniques de productions végétales à Angers. Dans le Maine-et-Loire, ces produits phytosanitaires sont à la fois conçus et mis en application.

Habillé de la tête aux pieds d’une combinaison blanche, charlotte sanitaire en prime, Cyril Landreau pointe un souffleur sur les plants de menthe alignés sous la serre Bioplants de la commune des Ponts-de-Cé (Maine-et-Loire).

« Je dépose des larves de chrysopes parce qu’on a eu une attaque de pucerons sur notre culture de menthe. Les larves vont manger les pucerons dans la nuit », explique le technicien de culture, une fois la machine éteinte.

Cyril Landreau propulse des larves de chrysope par souffleur pour que les insectes dévorent les pucerons qui infestent les cultures de menthe. • © France Télévisions / Cyril Dudon

Producteur de plantes aromatiques, Bioplants applique cette technique pour protéger ses cultures depuis 2010. Elle fait partie des méthodes de biocontrôle, qui consistent à utiliser des mécanismes naturels pour assurer la protection des végétaux.

Utiliser les mécanismes naturels

Le producteur de plantes aromatiques utilise une dizaine de produits de biocontrôle dans sa serre, grande comme deux terrains de football. De quoi se passer complètement de pesticides, au profit des larves désignées sous le doux nom d’« auxiliaires ».

Bioplants utilise les méthodes de biocontrôle dans ses serres depuis 2010. • © France Télévisions / Cyril Dudon

« On utilise la protection biologique intégrée, qui consiste à lâcher des auxiliaires pour lutter contre les ravageurs, comme les pucerons », détaille Agnès Salaün, cheffe de projet production et qualité chez Bioplants.

Traduction : les larves agissent comme des loups lâchés dans une bergerie de pucerons.

Ces techniques demandent beaucoup d’observation en serre pour identifier le bon type de ravageur [puceron, trips], et ensuite lâcher l’auxiliaire correspondant.

Agnès Salaün

Cheffe de projet production et qualité chez Bioplants

Haut niveau de connaissances scientifiques

Cette mise à profit des lois de la nature nécessite un haut niveau de connaissances scientifiques.

Lorsqu’on lâche un auxiliaire, il faut vérifier plusieurs paramètres.

Agnès Salaün

Cheffe de projet production et qualité chez Bioplants

« Certains auxiliaires ne vont pas travailler en-dessous de 8° par exemple, donc on ne peut pas les utiliser en hiver. Il y a des auxiliaires qui travaillent le jour, d’autres la nuit, et d’autres qui ne vont travailler que si la durée du jour est supérieure à 15 heures », énumère Agnès Salaün.

Les techniques de biocontrôle imposent d'observer méticuleusement les plantes pour identifier correctement les nuisibles et lâcher le bon prédateur. • © France Télévisions / Cyril Dudon

Les techniciens de culture de Bioplants sont donc au plus proche des plantes pour leur fournir les auxiliaires adéquats en fonction des attaques qu’elles subissent. Ils entretiennent aussi des plantes-relais pour les maintenir en serre et éviter d’en acheter et d’en propulser chaque semaine.

Agrauxine, à la pointe du biocontrôle

Ces insecticides naturels font partie de la large panoplie des méthodes de biocontrôle, qui comptent aussi dans leur rang des produits à base de bactéries ou de champignons développés en laboratoire.

Basée à Beaucouzé dans le Maine-et-Loire, l’entreprise Agrauxine est à la pointe de ces produits phytosanitaires. Elle conçoit notamment un produit qui stimule les défenses naturelles des plantes.

« On envoie de la levure désactivée sur la plante. Elle va se sentir attaquée et produire ses propres mécanismes de défense, donc quand le vrai pathogène arrive, elle est déjà chargée à bloc pour se défendre elle-même », détaille Hugo Bony, directeur général de la société.

Un long travail de développement

Agrauxine a aussi mis au point un biofongicide : une solution naturelle contre les maladies du sol de certains légumes. 1 carotte sur 4 produites en France est traitée avec ce produit commercialisé dans 10 pays européens.

Ce produit baptisé Tri-soil est l’aboutissement de 12 ans de recherche et développement. Un parcours du combattant nécessaire pour concevoir « des produits techniquement et économiquement viables et performants » selon Hugo Bony.

Il faut une dizaine d’années pour mettre au point un produit.

Hugo Bony

Directeur général d’Agrauxine

« À partir du moment où on a identifié un micro-organisme qui a une efficacité contre le champignon dont on veut se débarrasser dans les champs, il faut faire tout un travail pour savoir le produire, savoir quelle quantité apporter, à quel moment, sous quelle forme et quelle formule adopter », ajoute-t-il.

C'est dans les laboratoires d'Agrauxine que sont conçus les produits de biocontrôle qui visent à se substituer aux pesticides agrochimiques. • © France Télévisions / Cyril Dudon

Constitution d’un dossier réglementaire

Tout un travail réglementaire va de pair avec ce développement du produit pour constituer un dossier qui est ensuite revu au niveau européen et national.

On s’assure que les produits n’ont pas d’effets délétères sur la nature.

Hugo Bony

Directeur général d’Agrauxine

« Mais les produits de biocontrôle, par définition, utilisent les mécanismes naturels pour réguler les populations de bioagresseurs. On est pas sur une éradication comme avec le chimique, on est sur une régulation et donc sur un mécanisme plus doux », précise le directeur général d’Agrauxine.

Marché en croissance

Reste tout de même à prouver que ces produits ne présentent pas de risque sanitaire, un point d’étape crucial dans un marché en croissance. Agrauxine est passée d’une vingtaine à une centaine d’employés en cinq ans. L’entreprise commercialise ses produits dans 45 pays, soit dix fois plus qu’il y a cinq ans.

Les produits de biocontrôle ne représentent toutefois que 13% du marché des produits phytosanitaires. Ils ont encore du chemin à parcourir pour agrandir leur part dans un marché mondial estimé à 60 milliards de dollars, encore dominé par les produits de synthèse chimique.