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Des concerts du matin jusqu'à minuit comme avec le trio du pianiste de jazz Paul Lay pour une création originale autour du morceau "Round Midnight" de Thelonious Monk • © Paul Lay / La Folle Journée

Plus que jamais la Folle Journée tient ses spectateurs éveillés. A travers le thème de cette 29ème édition, « Ode à la nuit » René Martin propose cette année des concerts qui démarrent dés 7h30 en matinée et se poursuivent jusqu’à minuit.

Au programme de ces concerts hors-norme : du classique mais aussi du jazz et de la musique traditionnelle indienne.

Commençons ce tour du cadran musical par deux propositions matinales concoctées par René Martin.

La première attirera forcément les lève-tôt puisque les concerts démarrent dés 7h30.

Ne vous fiez-pas à l’intitulé de ces « leçons de ténèbres » qui peut paraitre sombre ou austère : ces compositions de Couperin, Caprentier ou Delalande sont des moments lumineux à ne pas manquer.

Il s’agit d ‘un genre musical liturgique chanté crée en France au à l’époque baroque (au XVIIe siècle) et destiné à la Semaine Sainte.

Des leçons de ténèbres éclairées à la bougie

« René Martin m’a proposé qu’on fasse comme à l’époque c’est à dire qu’il y ait des bougies qu’on éteint au fur et à mesure que le jour se fait » détaille Bertrand Cuiller claveciniste et directeur de l’ensemble nantais « Caravanserail » qui se produit dimanche 5 février à la Folle Journée de Nantes.

Il s’agissait d’un office religieux qu’on appelait l’office des Ténèbres qui se tenait la nuit pendant la Semaine Sainte. Sa particularité est qu’il se terminait au lever du soleil. C’était aussi l’occasion à l’époque du Carême d’entendre de la musique lyrique qu’on ne pouvait pas entendre ailleurs (NDLR: parce que les salles de concerts et les théâtres étaient fermés en signe de pénitence)

Bertrand Cuiller

directeur musical de l’ensemble Caravanserail

Pour ces trois leçons de ténèbres de François Couperin les spectateurs pourront admirer, outre les deux sopranos,  Bertrand Cuiller au clavecin et une joueuse de viole de gambe.

« Pour nous c’est exceptionnel aussi de jouer à cette heure là » ajoute le musicien nantais  « Notamment pour les sopranos chanter à 7h et demi du matin c’est un défi. Surtout que cette musique est très exigeante vocalement » termine-t-il.

en concert du vendredi 3 février au dimanche 5 février à 7h30

Des concerts pour les bébés

Autre proposition de concert en matinée : des concerts pour les bambins.

C’est une première à Nantes même si la formule existe depuis une dizaine d’années à la Folle Journée de Tokyo.

Le programme de berceuses et de sérénades est concocté par la violoncelliste Emmanuelle Bertrand et le pianiste Pascal Amoyel.

Couple à la scène comme à la ville le duo, habitué de la Folle Journée, a volontiers accepté de se produire devant ce très jeune public.

« Ce sera une première pour Emmanuelle et moi » confie Pascal Amoyel qui ajoute « on a déjà fait des concerts traditionnels pour des enfants mais jamais pour des bébés« .

« Ça nous touche particulièrement en tant que couple puisque nous avons deux filles et nous avons toujours été assez friands de jouer des berceuses à la maison » rajoute le pianiste.

Des berceuses comme celle de Brahms qu’interprètent ici les deux musiciens seront au programme du concert de la Folle Journée.

« Cette thématique des berceuses ça renvoie à des musiques extrêmement pures et très belles et en même temps d’une grande tendresse » explique Pascal Amoyel.

Nous sommes les instruments de cette vibration d’amour qui a été initiée par les compositeurs lorsqu’ils créent à l’intention de la candeur d’un bébé. C’est plus une immersion qu’un concert classique pour nous

Pascal Amoyel

pianiste

« Les bébés seront dans la salle avec leurs parents emmitouflés de bras et de vêtements. Et ils écouteront les vibrations qui sortirons de nos instruments » explique Pascal Amoyel.

« Il n’est pas exclu qu’on les fasse approcher de la scène à la fin du concert. On verra dans le feu de l’action » rajoute-t-il.

Et le pianiste de conclure, dans un sourire, « contrairement à d’habitude, là c’est si il n’y a pas de réactions du public qu’on va s’inquiéter« .

concerts le samedi 4 février à 9h30, dimanche 5 février à 9h45

Des ragas indiens

La Folle Journée en soirée accueille cette année un grand représentant de la musique indienne.

Debashish Bhattacharya est un virtuose indien originaire de Calcutta dans le Nord de l’Inde.

A 60 ans il est considéré comme un des virtuoses mondiaux de la guitare slide, un style de guitare hawaïenne qui se joue sur les genoux avec un morceau de métal.

Un style plutôt associé de nos jours au blues.

Les spécialistes le reconnaissent comme le premier à avoir imposé la guitare comme instrument soliste dans l’univers du raga indien (NDLR : le raga est une structure musicale qui est à la base de la musique indienne)

La musique classique indienne est la seule musique au monde qui suive le temps et le cycle d’une journée. Tout comme le rythme des saisons de l’année Nous avons des ragas pour la nuit, la soirée, l’après-midi et la matinée.

Debashish Bhattacharya

musicien indien

« La musique que nous jouons a des particularités scientifiques d’expression en fonction du moment de la journée où nous la jouons » assure Debashish Bhattacharya qui est également un professeur renommé dans son pays.

« Par exemple les ragas que nous jouons en fin de matinée et en début de soirée et de nuit ont davantage de notes mineures qui ont un son plus doux » continue le maitre de musique.

« Comme ce festival est dédié à la nuit on a sélectionné quatre différents ragas de nuit que nous jouerons à la suite » conclut-il.

Debashish Bhattacharya doit donner trois concerts en soirée et en trio à la Cité des Congrès de Nantes.

concerts jeudi 2 février à 21h45, vendredi 3 février 23h15, samedi 4 février à 23h

Du jazz autour de minuit

C’est un musicien qui aime mélanger jazz et classique et un habitué de la Folle Journée qui revient en soirée présenter une création autour de Thélonious Monk.

Paul Lay est déjà venu jouer à la Cité des Congrès de Nantes à 5 reprises.

« Chaque année c’était pour moi un défi de trouver des passerelles entre ce mélange du jazz et du classique avec le thème de l’année du festival, comme par exemple pour les années Bach, Beethoven ou pour Schubert » rappelle le jeune pianiste français.

Cette année avec le thème de la nuit, le programme s’est facilement imposé de soi-même avec une variation sur le morceau mythique du pianiste Thélonious Monk intitulé « ‘Round Midnight » (NDLR : « Autour de Minuit »).

C’est une des plus belles compositions de Thelonious Monk qui s’inscrit dans une époque d’une grande effervescence dans le jazz qui est celle du bebop des années 40 à New York. Ca devient une musique plus volubile, plus virtuose. Dont la fonction n’est plus de faire forcément danser mais de montrer leur virtuosité. Des musiciens comme Charlie Parker et Dizzy Gillespie jouaient dans des clubs leurs propres compositions à partir de 21h-22h puis après ils improvisaient lors de séance qui pouvaient durer toute la nuit

Paul Lay

pianiste de jazz

Pour les deux concerts Paul Lay se produira en trio, accompagné notamment par le trompettiste Eric Le Lann avec qui il a enregistré un album en 2018.

Dans la besace des musiciens pour ces concerts en forme de création instantanée des standards très connus comme ‘Round Midnight » donc ou encore « My Funny Valentine » mais aussi d’autres morceaux « une liste d’une quinzaine de morceaux » explique Paul Lay, dans lequel ils puiseront selon l’inspiration du moment et l’humeur de la salle.

« L’essence du jazz qui est d’improviser est complétement préservée car on ne sait pas d’avance comment le concert va commencer, comment il va se dérouler ni se finir. Et c’est ce qui donne la force de cette musique. Le public ressent cette spontanéité » lâche avec gourmandise le pianiste.

concerts le jeudi 2 février à 21h30, vendredi 3 février 23h

Tous les concerts sont à réserver sur la billetterie officielle de la Folle Journée ici